"L'existence nous confronte avec la douleur, la vieillesse, l'angoisse et finalement la mort. Ainsi lancinés, nous cherchons par instinct une consolation dans les valeurs propres à la vie. Quand tout nous annonce que nous allons mourir, nous aspirons à contredire cette terrible certitude en faisant appel à ce par quoi nous pensons exister en tant que créatures sensibles : le plaisir, la pensée, tous les étourdissements qui font bouillonner notre esprit. Butant sur la mort, nous cherchons encore à la transcender en termes de valeurs vitales : nous accueillons avec faveur les croyances qui nous font espérer un paradis... La mort-évènement c'est la négation des valeurs vitales : pensée, sensation, amour, douleur et joie viendront se fracasser sur cet obstacle inexorable. En méditant cette péripétie terrifiante nous apprenons - bien qu'en tremblant - que la mort n'est transcendée qu'en transcendant du même coup la vie. Alors seulement apparaît la solide fondation de la mort comme de la vie. Au delà du vital, l'homme trouve l'immuabilité de la Réalité intérieure. Il lui suffit d'apaiser l'ardeur de ses perceptions afin de plonger son regard dans un milieu mental limpide. C'est à ce moment que s'évaporent les fantômes de la destinée, qui évoluaient jusque là dans l'ombre de la peur."